Directus est-il l’avenir du Low Code ?

Ce graphique en barres illustre la croissance moyenne prévue du marché mondial du No-Code / Low-Code, en milliards de dollars américains,

entre 2021 et 2027. On observe une tendance haussière constante, avec une croissance significative attendue chaque année, jusqu’à atteindre un pic estimé en 2027.

Ce graphique en nuage de points représente l’estimation de la taille du marché mondial Low-Code / No-Code, année par année, de 2021 à 2027.

Chaque groupe de points pour une année donnée correspond à plusieurs prévisions de marché, révélant une tendance générale de forte croissance sur la période.

Pourquoi la promesse initiale peut décevoir

Le mouvement Low Code / No Code a vu émerger de nombreux outils promettant la création d’applications complexes sans avoir besoin de compétences approfondies en développement.

De WordPress à des solutions plus récentes comme Make ou n8n, le rêve est prometteur : bâtir des produits à forte valeur ajoutée sans recruter une équipe de développeurs ou passer par un prestataire externe.

Mais à l’heure actuelle, même si les outils plus récents sont plus complets, difficile de nier que cette promesse a souvent été déçue.

Les novices se trouvaient vite limités, faute de connaissances techniques suffisantes.

Les profils expérimentés, quant à eux, se heurtaient à des outils trop rigides pour leurs besoins.

En voulant faire deux choses opposées, on se retrouvait avec un outil moyen en tout qui ne satisfaisait aucun des deux profils.

Les mythes autour du Low Code ( à déconstruire)

L’apparition des outils no code a été accompagnée de nombreux mythes : 

• Remplacer les développeurs : Dans la réalité, les compétences d’un développeur ne se limitent pas à simplement écrire du code. Ce n’est pas en diminuant la quantité de code que les bonnes pratiques de développement ou les contraintes de performances disparaissent. De plus, l’expérience montre que même pour des fonctionnalités simples, il est difficile de se passer de l’expertise d’un développeur.
• Des outils pour des problèmes simples et des POC : Oui, les outils low code sont particulièrement pratiques pour réaliser des POC et répondent extrêmement bien à des problèmes simples. Mais il serait réducteur de les limiter à ce rôle. Aujourd’hui, ces outils sont bien plus évolués.
• Le développement coûte moins cher : c’est effectivement le cas sur le court terme. C’est notamment pour cela que ces outils sont idéal pour des POC. Mais selon les produits, entre les coûts de licence, tarif par utilisateur ou systèmes d’abonnement, il faut bien faire son calcul. Entre les coûts récurrents et les problématiques liées aux performances, à la scalabilité et aux éventuelles maintenances, l’approche low code n’est pas forcément aussi intéressante sur le plan financier.
  

2. Directus, un nouvel acteur qui change la donne

Qu’est-ce que Directus ?

Aujourd’hui, certains outils semblent avoir trouvé un meilleur équilibre.

Parmi les plus prometteurs, nous avons identifié Directus.

Ce projet open source transforme n’importe quelle base de données SQL en un CMS headless, accessible via une interface intuitive et une API REST (ou GraphQL).

Directus est un projet open source avec 33.5k stars sur Github et profite d’une communauté très active. Leur Discord permet d’échanger sur divers sujets autour du développement de directus. 

La dernière version 11.0 a été déployée en août 2024. Depuis, des versions mineures sont déployées  à un rythme régulier tous les 1 à 2 mois. 

Comment fonctionne Directus avec une base SQL

Directus s’appuie directement sur une base de données SQL en ajoutant des tables de configuration pour chaque objet manipulable. 

Par exemple, dans le cas d’une application de gestion de projet, nous pourrions avoir :

• une table Projects pour stocker la liste de nos projets et une entrée “projects” dans la table directus_collections ajoutée automatiquement par Directus ;
  
  
• et pour chaque colonne de la table Projects, une entrée dans la table directus_fields permettant de configurer le fonctionnement de chaque champ : affichage, validation, gestion conditionnelle, etc.

Les utilisateurs de l’application sont gérés via la table directus_users, en lien avec les tables directus_roles et directus_policies pour définir précisément les droits de chaque utilisateur.

Il en va de même pour tous les autres paramètres de l’application, qui auront eux aussi une table dédiée dans le schéma de base de données.

Directus est compatible avec toutes les bases SQL. Il suffit de modifier le db_client dans les variables d’environnement. Il est possible de greffer Directus sur une base existante. Directus permet d’importer des données via un fichier CSV ou JSON. Il est également possible d’exporter les données en CSV/JSON/XML/YAML

Un back-office simple mais puissant

À première vue, il s’agit d’un simple back-office qui permet de visualiser, filtrer et modifier des données.

Mais cette apparente simplicité cache une boîte à outils d’une puissance remarquable en proposant un écosystème complet.

Fonctionnalités collaboratives

Directus facilite le travail en équipe grâce à l’internationalisation, l’ajout de commentaires, et la possibilité de stocker et partager des fichiers.H3. Fonctionnalités collaboratives

• Internationalisation intégrée

L’interface de Directus est disponible en plusieurs langues, ce qui permet aux équipes multiculturelles de travailler dans leur langue de préférence. Les contenus peuvent également être gérés dans plusieurs locales, facilitant la création de systèmes multilingues sans développement complexe.

• Commentaires contextuels

Les utilisateurs peuvent laisser des commentaires directement sur les enregistrements.

Cela permet :

• d’échanger rapidement autour d’un contenu précis,
• d’assurer un suivi sur des modifications sensibles,
• d’éviter la dispersion d’informations dans des outils externes.

• Gestion de fichiers centralisée

Directus inclut une bibliothèque de fichiers offrant :

• téléversement simple (drag & drop),
• gestion des métadonnées,
• prévisualisation d’images, vidéos, PDFs,
• organisation en dossiers virtuels,
• utilisation directe des médias dans les différentes collections.
  

Un écosystème d’extensions puissant

Jusqu’ici, les fonctionnalités de Directus sont similaires à celles que l’on retrouve dans d’autres outils du marché.

Mais l’atout majeur de Directus, c’est sa grande flexibilité.

Grâce à un système d’extensions, il devient possible d’étendre grandement les capacités de la plateforme :

• Ajouter des endpoints API personnalisés ;
  
• Créer des interfaces sur mesure en Typescript/Vue 3;
  
• Développer des opérations ou des flows pour se connecter à des services externes ;
  
• Construire des modules complets pour enrichir l’expérience utilisateur.

C’est un monde de possibilités qui s’ouvre au développeur en proposant des templates d’extension selon ses besoins.

Pourquoi Directus réussit là où d’autres échouent

Directus réussit là où beaucoup d’outils échouent :

Il offre une vraie valeur aux profils non-techniques, tout en laissant une large liberté aux développeurs.

Les premiers peuvent consulter, filtrer, modifier les données via une interface claire sans avoir l’impression de ne pas avoir les compétences techniques pour effectuer leur travail quotidien.

Les seconds peuvent aller beaucoup plus loin, en intégrant des logiques spécifiques au contexte métier grâce aux extensions sans la frustration d’un outil qui ne laisse que peu de place à leur background technique.

4. Les limites et défis actuels

Une traçabilité difficile et une gestion des versions limitée

L’une des grandes forces, mais aussi l’une des plus grandes faiblesses de Directus, c’est que tout est stocké en base de données : les collections, les champs, les rôles, les flows, les permissions, etc. Directus nous permet d’avoir une couche d’abstraction pour configurer nos entités sans avoir à modifier directement la base de données. 

Mais cette abstraction limite également les options lorsqu’il est nécessaire de réaliser des migrations de données. Notamment avec l’impossibilité de renommer un champ ou d’en modifier le type. Pour ce faire, il faudra supprimer l’ancien champ pour en recréer un nouveau. En ayant préalablement stocké les valeurs de l’ancien champ pour empêcher la perte de données.

La configuration via la base de données implique l’absence de code. Pas de code review, aucun commit ni branches. Pas de git diff, pas de git revert. Un cauchemar pour tout développeur habitué à un git flow rigoureux.

Un cycle de développement complexe

Dans un projet classique, chaque fonctionnalité suit un cycle bien défini : 

• développement local
• tests en environnement de préproduction
• mise en production

Ce processus est très simple avec des branches git, un système de pull-requests, et des pipelines de CI/CD qui se chargent de déployer le tout.

Avec Directus, toutes les modifications sont stockées en base de données, ce qui compromet grandement ce cycle.

Si chaque développeur travaille sur sa propre version locale, il faut ensuite fusionner les schémas de base de données manuellement, une opération très complexe.

Pour simplifier, on pourrait opter pour un environnement de développement partagé entre tous les membres de l’équipe.

Mais cela ne fait que déplacer le problème.

L’absence de branche signifie qu’il est impossible d’isoler des fonctionnalités.

Si deux développeurs travaillent en parallèle, leurs modifications sont impossibles à dissocier.

Si l’une des fonctionnalités est prête à être déployée mais pas l’autre, tout est bloqué.

Un manque de testabilité

La qualité d’une application repose en grande partie sur sa testabilité.

Tests unitaires, tests d’intégration, tests de non-régression : autant de mécanismes qui assurent la stabilité dans le temps.

Or, avec Directus, mettre en place une stratégie de tests fiable est loin d’être simple.

En l’absence de base de code, la majorité des tests doivent passer par des appels à l’API REST, via un service externe.

Cela alourdit la configuration et augmente la complexité globale du projet.

Cette contrainte rend le processus de validation plus flou, surtout pour les équipes habituées aux outils de test automatisés qu’offre une CI/CD.

5. Cas d’usage et intégrations possibles

A l’heure actuelle, les projets Low Code / No Code sont majoritairement utilisés pour développer des applications de gestion interne. Ces applications permettent d’automatiser des tâches simples mais répétitives. Directus ne fait pas exception et brille en tant que back-office pour manipuler des données et automatiser des actions.

Cependant, là où beaucoup d’acteurs tentent d’intégrer un maximum d’outils comme Excel ou Zapier, Directus n’a pas du tout cette ambition. Il est bien entendu possible d’ajouter des extensions pour rendre cela possible mais cette intégration n’est pas facilitée par la plateforme. Pour une application de type “Hub”, qui veut intégrer et agréger plusieurs sources de données, d’autres solutions, comme Airtable, seront bien plus efficaces.

Par contre, Directus prend tout son sens dans le cas d’une application avec des spécifications fonctionnelles complexes et nécessitant de nombreux affichages personnalisés. 

Grâce à ses API natives ou enrichies par différentes extensions, il est également possible d’utiliser Directus comme un backend avec un frontend en Vue/React/Angular.

Des cas pratiques révélateurs pour l’IT, les fonctions support et les métiers

Les solutions LCNC modernisent l’expérience client ou collaborateur par :

• L’automatisation de processus ou de certaines tâches (envoi de mails automatiques, validations d’étapes quand certaines conditions sont atteintes)
• La construction de tableaux de bord complexes, alimentés par l’IA
• La gestion de formulaires (supervision des stocks, des inventaires, situations administratives, …)
• La conception de portails ou de front-offices visuels

Pour en exploiter pleinement le potentiel, certains acteurs ont été accompagnés pour concrétiser leurs cas d’usages :

• Acteur de la mobilité : une application de suivi des demandes de formations a été développée, permettant de sécuriser la bonne actualisation des compétences de l’ensemble des agents concernés
• Acteur de l’aéronautique : une application dédiée à la gestion du processus de maintenance des hélices a été délivrée, réduisant ainsi les délais d’intervention et améliorant la traçabilité des opérations.

Exemple d’Application Métier : Gestion des Tickets de Support avec Directus

Cette image illustre un cas d’usage métier très concret (support, helpdesk, CRM interne).

C’est exactement le type d’application que les entreprises créent en low-code grâce à Directus.