Un plan de relance d'un milliard d'euros et trois licornes pour la cybersécurité française

23 mars 2021

En forte augmentation depuis la crise de la Covid-19, le nombre de cyberattaques sur le territoire français a considérablement augmenté par rapport à l’année dernière. Favorisées par le télétravail, les entreprises deviennent des cibles faciles. Comme l’électricité, les attaques se produisent là où il y a le moins de résistance.  Les SI des hôpitaux sont aussi fortement visées


C’est dans ce contexte anxiogène que le gouvernement a annoncé courant février la  mise en place d’un plan à 1 milliard d’euros d’ici à 2025  pour renforcer le niveau de cybersécurité du territoire français. 

Financé par le programme France Relance et le programme d’Investissement d’Avenir, le Gouvernement mobilise 1 milliard d’euros, dont 720 millions de financements publics. Ce plan a pour objectif de permettre à la filière cybersécurité française d’accélérer et de multiplier par trois le chiffre d’affaires de la filière et passant ainsi de 7,3 milliards à 25 milliards d’euros. Autre mission : doubler les emplois de la filière (de 37 000 à 75 000).


Cédric Lamouche , expert en cybersécurité chez Agaetis répond dans cette interview à toutes les questions que vous pouvez vous poser autour de ce plan de relance annoncé par le gouvernement. Il met en lumière les points stratégiques du chantier de la cybersécurité en France et fait un état des lieux de la situation actuelle. 


Pour commencer, le gouvernement a annoncé ce 18 février vouloir doubler les effectifs de la filière cybersécurité d’ici 2025, en passant de 37 000 à 75 000 emplois, selon vous ce plan est-il réalisable en 4 ans et où se trouve l’enjeu de cette annonce ?


Le constat du manque de mains en cybersécurité ne fait qu’empirer d’année en années, la digitalisation des entreprises et l’exposition de leurs systèmes informatiques font qu’aujourd’hui il est difficile de pouvoir couvrir correctement les risques en cybersécurité. Il est indispensable d’accélérer la formation et la qualification de nouveaux renforts pour rapidement combler les besoins actuels. Il faut se donner les moyens d’avoir cette bulle d’air pour être proactif aux cybermenaces et sortir du mode pompier trop souvent rencontré ces dernières semaines sur tous secteurs de métiers confondus. C’est pour cela que nous avons fait le choix d’étoffer notre offre d’un service de formation à distance sous forme de réalisations de scénarios réels d’attaque avec un accès sur une plateforme SaaS. Cette offre de formation permet d’acquérir ou de monter en compétences rapidement sur des solutions technologiques de cybersécurité et des méthodologies d’attaque/défense.


La transition numérique a-t-elle été trop rapide pour maîtriser les risques de cyber sécurité ?   


Incontestablement oui, l’accélération des derniers mois sur l’ouverture des systèmes d’information a créer des brèches au niveau de la gestion de la sécurité. Pour répondre à des besoins de continuité d’activités des entreprises ont dû ouvrir rapidement et sans analyse des risques leurs SI. On estime que certains secteurs ont gagné 5 ans en maturité de digitalisation, si on regarde le temps que prennent habituellement l’évaluation des risques et l’écriture d’un plan de gestion on voit que la sécurité ne peut plus suivre à ce rythme effréné. Il devient judicieux d’aller vers des approches de micro segmentations et de moindre privilèges pour arriver à maîtriser ses nouvelles expositions.


Avec son plan de relance d’un milliard d’euros, dont 720 millions de financements publics, le gouvernement veut faire émerger des champions de la cybersécurité et trois licornes françaises. Vous pouvez nous en dire plus ? Quels sont leurs objectifs et y en a t-il déjà sur le territoire français ?


La France a toujours été pionnière dans les nouvelles technologies et encore plus en cybersécurité. Nous n’avons rien à envier à nos voisins européens et partenaires outre atlantique mais il est important de garder cette volonté nationale d’avoir nos propres solutions nationales en développant et intégrant notre R&D reconnue mondialement. Il y a encore de la place sur des sujets d’automatisation, de veille et d’analyse, mais il est indispensable de piloter ces projets afin de ne pas se retrouver avec des doublons ou fork de solutions. L’état à tout à jouer et son rôle sur les prochaines années sera primordial notamment à veiller à ce que cette R&D et ces solutions restent sur le sol Français !


Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, a déclaré que la cybersécurité était un “enjeu majeur du XXIe siècle” et qu’elle était “essentielle à la souveraineté des États, à la pérennité du développement des entreprises et à la sécurité des citoyens”. Comment se situe la France par rapport aux autres puissances mondiales dans la sécurisation de ses SI ? Sommes-nous en retard ou plutôt en avance ? 


Nous avons une bonne sécurisation globale sur l’ensemble du CAC 40 qui sont impactés et régis par des réglementations de plus en plus drastiques sur la sécurisation des données, on retrouve par exemple le RGPD, la LPM, NIS etc … Mais il reste encore beaucoup à faire sur le segment de marché intermédiaire où peu de sociétés sont soumises à des réglementations à part le RGPD qui concerne tout le monde. On le voit aujourd’hui des secteurs sont des cibles privilégiées comme la santé et les administrations publiques, on ne peut pas dire que ces structures n’ont pas investi dans des moyens de protections mais force est de constater qu’aujourd’hui elles arrivent à leurs limites. Il faut pouvoir leur proposer des solutions de cyber défense adaptées aux niveaux des fonctionnalités mais surtout au niveau coût d’acquisition. De nouveaux business models doivent être inventés pour rendre accessible ces solutions avec des tickets d’entrées acceptables. La mutualisation peut être une porte de sortie vers le haut pour faire face rapidement à ces cybermenaces de plus en plus sophistiquées.


Un des axes d’action avec ce plan de relance est de diffuser une véritable culture de la cybersécurité dans les entreprises, quelles vont être les missions principales pour que cette culture soit adoptée et à quel niveau est-elle déjà présente en France ?


En France nous avons déjà un très bon travail de sensibilisation de l’ANSSI qui sort régulièrement des guides sur la sécurisation des SI, en parallèle l’état a mis en œuvre la plateforme  cybermalveaillance.gouv.fr  qui permet de donner des conseils aux entreprises mais surtout de les prendre en charge dès lors des premiers signaux d’attaque. Il ne faut surtout pas relâcher les efforts et les messages doivent être relayés régionalement, départementalement et localement. Il doit y avoir beaucoup plus d’interactions entre les sociétés de service en cyber sécurité, les partenaires locaux et les entreprises car les enjeux sont communs autour d’une volonté de croissance et de pérennité.


Enfin un des derniers axes d’action est de stimuler la recherche française en cyber et l’innovation industrielle avec dans l’idéal une hausse de 20% des brevets, est-ce réalisable en 4 ans et quels sont les sujets les plus importants à traiter selon vous ?


Oui, c’est tout à fait raisonnable, nous avons une très bonne R&D comme je vous le disais plus haut mais encore faut-il savoir la valoriser et lui donner les moyens de passer à l’échelle. Trop de projets restent dans les tiroirs des laboratoires soit par manque de financement ou de méthodologie pour aborder le marché. Entre avoir une idée et la valoriser commercialement ce n’est pas si simple que ça si ces laboratoires ne sont pas accompagnés le taux de résultat sur le delivery et l’usage restera très faible. Je suis tout à fait d’accord sur le besoin de produire des brevets mais il faut absolument une dynamique de valorisation de ces brevets et surtout de veiller qu’ils permettent de donner de la croissance aux entreprises françaises.


Et Agaetis dans tout ça, où vous situez-vous et où en êtes-vous ? 


Nous avons pris le virage de la cybersécurité car de plus en plus de projets que nous abordons requièrent des niveaux de sécurisations importants. Il est très rare aujourd’hui de trouver des projets clients sans une volonté de sécurisation ce qui est plutôt rassurant pour nous consommateurs et usagers de ces projets de digitalisation. Notre expertises et nos retours d’expériences nous permettent d’être dans l’anticipation sur des sujets brûlants comme la cybersécurité c’est pour cela que nous avons produits des offres baptisées :

  • Plan Marshall Cyber pour donner un accès avec un budget limité à une sécurisation du SI.
  • E-training Cyber pour se former rapidement sur les périmètres vastes et techniques de la cybersécurité.
  • Couverture cyber 360° en intégrant une solution Zéro trust et de Soc as a service.

Ressources Agaetis

par Achats Agaetis 26 novembre 2025
Le contexte du projet : Groupe Aérospatial souhaitait optimiser le temps de contrôle dimensionnel des réservoirs de son lanceur spatial. Les méthodes traditionnelles, longues et peu satisfaisantes, ralentissaient la production et augmentaient les risques d’erreurs. Le besoin était de développer une application de contrôle qualité et dimensionnel intégrant de nouveaux moyens de mesure plus rapides et précis. L’objectifs : L’objectif principal était de concevoir et déployer une application installée sur un PC concentrateur capable de : lancer différents programmes de contrôle dimensionnel, intégrer des technologies de mesure avancées (profilomètres lasers, trackers laser), et améliorer la précision et la répétabilité des contrôles. Durée de mission : Mission de plusieurs mois, de la conception logicielle à la formation des équipes, en passant par l’intégration et les tests. Mise en œuvre : Agaetis a déployé une approche technique et collaborative : Développement de l’application : architecture logicielle adaptée aux besoins d’intégration industrielle. Collecte et traitement des données : intégration des mesures issues des machines à commande numérique, trackers laser et profilomètres. Optimisation des processus : automatisation des contrôles pour gagner en rapidité et réduire les erreurs. Accompagnement & formation : transfert de compétences aux équipes internes pour assurer la continuité. Résultats obtenus : Temps de contrôle réduit : amélioration notable de la productivité. Précision accrue : fiabilisation des mesures grâce à l’intégration de nouvelles technologies. Réduction des erreurs : contrôles plus rapides et répétables. Compétences préservées : maintien de la connaissance technique dans l’organisation. Facteurs clés de succès : Expertise technique d’Agaetis en développement industriel et IoT . Grande flexibilité dans la collaboration avec le client. Intégration fluide des données issues de différents équipements. Approche orientée impact et résultats mesurables. Et vous ? Vous vous interrogez sur : l’optimisation de vos processus de contrôle industriel, l’intégration de nouvelles technologies de mesure, ou la digitalisation de vos applications qualité ? 👉 Contactez nos experts pour moderniser vos contrôles industriels et accroître votre performance opérationnelle.
par David Walter 26 novembre 2025
Directus est-il l’avenir du Low Code ? 1. Comprendre le contexte : le rêve et les limites du Low Code L’essor des outils Low Code et No Code Les solutions no-code visent à simplifier complètement le processus, offrant des interfaces visuelles de type drag&drop, tandis que les plateformes low-code combinent cette simplicité avec la possibilité d’intégrer du code personnalisé pour des besoins plus avancés. Ces outils ont progressivement trouvé leur place dans les entreprises, permettant de créer des POC rapidement ou de moderniser des processus internes simples. Les premiers outils donnant accès à des fonctionnalités de développement simplifiées sont apparus dans les années 90 et début 2000. Mais par leur coût, ils étaient réservés à de grandes entreprises, mais avaient des possibilités limitées et restaient peu scalables. Les outils low code/no code comme nous les connaissons aujourd’hui se sont popularisés au début des années 2010 en réponse à la demande croissante des entreprises pour la digitalisation de processus métiers. Face à la forte demande de développeurs et à la complexité croissante des projets numériques, ces plateformes ont permis à des utilisateurs non techniques de créer des applications, automatiser des workflows et gérer des données sans écrire de code complexe. Quelques chiffres pour comprendre le phénomène Pour évaluer l’impact du no-code en France, examinons quelques statistiques significatives. Entre 2020 et 2025, le no-code est passé d'une tendance émergente à une solution adoptée par une majorité d'entreprises. Une étude réalisée par Hostinger révèle que 71 % des cadres et dirigeants français ont adopté des solutions no-code en 2025 , contre seulement 25 % en 2020. Cette progression illustre une mutation profonde des pratiques numériques. - No-code France : Cette communauté, initié par Contournement en 2019, est passée de 5 000 membres en 2020 à plus de 13 000 en 2025. Elle est la plus grande communauté francophone autour du No-code et regroupe professionnels, freelances et passionnés. - Le SFPN (Société Française des Professionnels du No-code) : Créée en 2020, son but est de fédérer et représenter le No-code au niveau national. Elle organise des événements tels que le Tour de France du No-code et le No-code Summit, et a vu ses adhérents tripler pour atteindre 1 500 membres actifs en 2025. 
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