Blockchains et cryptomonnaies sont-elles indissociables ?

janv. 25, 2022

Dans cet article, nous allons essayer de comprendre les nouvelles technologies que sont les cryptomonnaies et la « blockchain ». Très médiatisées depuis quelques années, vous en avez sûrement entendu parler.

Notre question : est-ce que les deux sont intimement liés, ou est-il possible d’avoir l’un sans l’autre ?

Première étape : définir de façon objective, les termes « cryptomonnaie » et « blockchain ». Il faut en effet le préciser, l’écosystème entier étant récent, il est possible que d’autres définitions fassent leur apparition d’ici quelques années.

«  Une cryptomonnaie est un actif numérique émis de pair à pair  sans besoin de banque centrale, utilisable au moyen d’un réseau informatique décentralisé ». Point important supplémentaire, « elle repose sur des technologies de cryptographie » (d’où son nom). 

Il est plus commun de trouver des définitions établissant au contraire les « cryptos » comme des actifs reposant sur la technologie de la blockchain. Vous pouvez trouver un  exemple courant sur le site de l’AMF , l’autorité des marchés financiers.

Est-ce une simplification ou une réelle définition ? C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre dans cet article. 

Nous allons retenir pour la suite la définition suivante : une cryptomonnaie est une unité virtuelle qui sert de monnaie d’échange et repose sur une technologie numérique. Mais alors qu’est-ce qui la différencie d’une autre monnaie que l’on peut utiliser numériquement, comme l’euro (à travers les virements SEPA ou même Paypal) ? Réponse : l’absence d’organisme central et la cryptographie.

Apparu publiquement début 2009, le bitcoin est la première cryptomonnaie fonctionnelle avec, justement, une blockchain comme réseau informatique décentralisé.

Qu’est-ce qu’une blockchain ?

Une blockchain, telle que celle utilisée par le Bitcoin – et a priori par l’extrême majorité de l’écosystème des « cryptos » – est avant tout une technologie de stockage d’informations décentralisée. C’est d’ailleurs pour cela que l’on entend souvent dans les médias grand public parler de « la blockchain », au sens de la technologie en elle-même, plutôt que d’« une blockchain », distinction faite par les spécialistes. Il est en effet important de préciser qu’il existe de nombreuses implémentations de blockchains (comme celles d’Ethereum, Cardano ou encore Ripple), avec des propriétés qui leur sont propres. Une blockchain peut également être utilisée de manière centralisée, mais cela présente un intérêt essentiellement dans un cadre privé, cas qui ne nous intéressera pas ici.

Décentralisation

L’objectif d’une blockchain est de fiabiliser le stockage d’informations. Comme son nom l’indique, c’est une suite de blocs chaînés présents sur tous les ordinateurs participant au réseau. Ils valident l’intégrité et la pérennité dans le temps des données stockées dans les blocs.

Chaque bloc contient le  hash  du précédent, créant ainsi la chaîne et assurant la sauvegarde des données antérieures : elles deviennent tout bonnement infalsifiables.

Une représentation d’une blockchain classique. Les « items » stockés dans les blocs sont dans notre exemple toutes les transactions effectuées depuis l’apparition de la cryptomonnaie.  (source :  whitepaper Bitcoin )

En pratique, la confiance que l’on peut accorder à la blockchain est construite sur la base de sa décentralisation : plus il y a d’acteurs (aussi appelés « nœuds » du réseau) pour vérifier l’intégrité des données et ajouter les blocs, moins le risque de falsification est important. Il faut donc inciter un maximum de personnes à participer à la validation de ces blocs.

Concurrence

Ce qu’il faut comprendre ici c’est le rôle primordial de la concurrence entre les nœuds. Il faut qu’ils soient en compétition pour assurer la décentralisation du système. Dans le cas contraire s’il n’y a qu’une seule personne ou s’ils sont tous de mèche avec un acteur malintentionné, il serait trop facile de créer de la monnaie à partir de rien ou de falsifier des transactions et ainsi rendre caduque la cryptomonnaie liée.

Pour mieux comprendre, prenons l’exemple du Bitcoin : les nœuds vont être mis en concurrence pour trouver le résultat d’un calcul complexe appelé « puzzle cryptographique ». Ce résultat est simplement le hash de validation du bloc en cours (au sens cryptographique, comme une empreinte). Ces nœuds sont appelés des « mineurs », car une fois fait, ils vont créer un peu de Bitcoin qui leur sera reversé en récompense de leur effort pour leur apport à la stabilité du système.

Puisque la valeur d’une monnaie repose soit sur la confiance dans la stabilité des systèmes soit dans un organisme central garant (exemple : la FED et la BCE pour le dollar et l’euro), s’il existe des possibilités de « tricher » les utilisateurs n’auront plus confiance, ce qui conduira tout droit à la fin du système. Dans le cadre du Bitcoin il n’y a pas d’organisme central grâce à la blockchain et c’est là que réside tout son intérêt : cette dernière génère la confiance par sa seule existence, car elle est indépendante et autonome !

Pour résumer : une cryptomonnaie est une valeur concrète, alors qu’une blockchain est la technologie ou le moyen pour faire fonctionner la cryptomonnaie sur laquelle elle repose.

Maintenant que ces deux concepts sont définis, on peut se poser la question suivante : est-il possible de faire fonctionner l’un sans l’autre ? C’est-à-dire disposer d’un système monétaire virtuel décentralisé sans blockchain et/ou proposer une blockchain sans cryptomonnaie ?



Une blockchain sans cryptomonnaie : possible ?

Comme on vient de le voir, l’intérêt principal d’une blockchain est de décentraliser le stockage d’informations. Toute la problématique est donc de savoir comment le permettre, de manière fiable et sécurisée. 

Décentralisation et rémunération

Reprenons le Bitcoin, pour lui c’est une mise en concurrence de la puissance de calcul de différents acteurs pour effectuer le calcul de hash qui va créer la décentralisation. 

Pour le “Cardano” ou ADA (une des plus importantes cryptomonnaies actuellement en terme de capitalisation) ou bientôt l’Ethereum 2.0, c’est un système de « mise en jeu » similaire au poker mais aléatoire. Des acteurs mettent en mise (ou s’engagent sur) une partie de la valeur qu’ils possèdent, puis sont de la même manière rémunérés lorsqu’ils sont choisis par le système (et reconnus par les autres), pour les encourager à s’engager au départ.

On parle de «  preuve de participation  » (Proof of Stake), par opposition à la «  preuve de travail  » (Proof of Work) du Bitcoin. Il existe d’autres systèmes de validation (on parle de « consensus ») mais tous semblent fonctionner sur le même principe : des « nœuds » du réseau sont rémunérés pour le service qu’ils rendent : garantir la cohésion de la blockchain correspondante.
On discerne donc un pattern reproductible : il est requis d’avoir des acteurs en concurrence et ainsi une rémunération pour les encourager. Sans rémunération il n’y aurait pas d’acteurs, hormis peut-être des personnes qui ont un intérêt autre au projet (reconnaissance…), mais ils ne seraient alors pas en concurrence, n’assurant donc pas la décentralisation de l’ensemble. Cela reviendrait de fait à avoir une autorité centrale, comme une banque centrale ou un organisme équivalent.

Blockchain publique ou privée

Ainsi, il paraît possible de créer une blockchain fonctionnelle sans cryptomonnaie adossée, mais l’ensemble ne sera alors pas décentralisé. L’un n’est en effet pas forcément lié à l’autre sur le papier puisque la blockchain est avant tout une technologie. En réalité, ce type de blockchain sans « incitation » existe : c’est ce que l’on appelle une « blockchain privée », utile essentiellement dans le cadre d’un usage interne au sein d’une entreprise.

Pour une blockchain publique, si l’on considère que « blockchain » est forcément égal à « décentralisation » par sa propre définition, dans ce cas la réponse est non, il ne semble pas possible de créer à grande échelle de blockchain (décentralisée) sans cryptomonnaie adossée. Il semble qu’un système de rémunération pour assurer la concurrence des acteurs soit requis.

Enfin, à noter qu’une récompense en monnaie « réelle » (euro ou dollar) en direct semble impossible, car seul un organisme centralisant pourrait effectuer ce transfert (qui ferait le virement, depuis où ? On se retrouve à nouveau face à une blockchain privée), il faut passer par la cryptomonnaie et le protocole de la blockchain correspondante.

Une cryptomonnaie sans blockchain : impossible ?

Maintenant que l’on a répondu à la première question, peut-on inverser la problématique ? 

A priori la blockchain est une technologie rendant possible l’apparition de cryptomonnaies (à l’origine le Bitcoin, comme on l’a vu). Or il existe déjà des projets utilisant d’autres technologies, comme le  IOTA  : chaque utilisateur effectuant une transaction va en parallèle en valider plusieurs autres qui ont précédemment eu lieu. Lorsque plusieurs personnes ont validé une transaction, elle est considérée comme effective. 

On retrouve la concurrence entre les acteurs pour éviter de falsifier des transactions – pour ne pas faire de la double-dépense, notamment – mais il n’y a pas de blockchain à proprement parler, simplement des transactions liées entre elles (pas de système de blocs, de minage ou de récompense). Pourtant on parle bien d’une cryptomonnaie ici, car ne disposant pas d’organisme central et utilisant de la cryptographie !

On note cependant que le IOTA n’est encore qu’en phase de tests, le projet ne fonctionnera peut-être pas à terme.
En conclusion, la réponse à cette deuxième question ne semble donc pas encore définitive ! C’est toute la problématique de cet écosystème, il est encore extrêmement récent et peut être encore considéré en phase de recherche.

Coins et tokens

Un dernier point de vocabulaire : bien que les deux termes soient couramment employés indifféremment, il y a en réalité une différence fondamentale entre les « coins », cryptomonnaies directement adossées à une blockchain, objets de cet article, et les « tokens », jetons basés sur des « smart contracts » (« contrats intelligents »). Entre autres choses, ces derniers peuvent représenter des cryptomonnaies – en fait, la grande majorité des cryptomonnaies sont de cette catégorie.

La question de leur dépendance à une blockchain ne se pose cependant pas, car les smart contracts sont par définition des programmes liés à une blockchain. Mais on sort ici du cadre de notre sujet, les smart contracts seront abordés dans un prochain article.


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