Miser sur les outils d’aide à la décision et sur les algorithmes génétiques

17 janvier 2023

L’excellence opérationnelle est devenue le mot d’ordre aujourd’hui pour toute entreprise industrielle.

Chaque industriel doit faire face à une multitude de décisions qui, combinées entre elles, seront des leviers de performance. La combinaison de toutes ces décisions est très volumineuse et complexe à gérer. L’impact de ces décisions sur les performances de l’entreprise sont souvent contradictoires, et la prise de risque élevée pour le décideur. Le décideur fait régulièrement appel à son expertise et à son expérience pour évaluer les solutions qui pourraient lui sembler pertinentes. Finalement, il statue selon un nombre restreint de choix, faute de pouvoir évaluer l’ensemble des possibles.

Dans ces conditions, les algorithmes génétiques appliqués aux outils d’aide à la décision pour l’optimisation de la conception de systèmes, l’industrialisation ou l’ordonnancement peuvent être d’une grande utilité au niveau industriel.




À quoi servent les algorithmes génétiques, et dans quelle mesure les utiliser ?

Les techniques d’aide à la décision issues de la recherche opérationnelle (RO) peuvent accompagner les industriels dans l’analyse des situations complexes et leur permettent de faire des choix plus efficaces et robustes. L’ Association française de recherche opérationnelle et d’aide à la décision définit celle-ci comme une discipline à l’intersection des mathématiques, de l’économie et de l’informatique. La RO propose des outils et méthodes scientifiques permettant de rationaliser, simuler et optimiser tout système. 


Dans le cas d’un problème d’optimisation combinatoire, le nombre de solutions possibles est lié à la dimension du problème à traiter. Même avec la puissance calculatoire des ordinateurs actuels, les problèmes industriels sont encore pour beaucoup trop complexes pour obtenir, dans un temps acceptable par rapport à la temporalité de la décision, la solution optimale. Ainsi nous devons donc utiliser des méthodes approchées, qui vont nous permettre d’obtenir, dans le temps imparti, une « bonne » solution. Parmi ces méthodes approchées, nous distinguons les heuristiques des méta-heuristiques (voir figure ci-dessous).

Une heuristique est une méthode qui traduit une stratégie d’optimisation en s’appuyant sur la connaissance du problème. Elle va permettre de se déplacer intelligemment dans l’espace des solutions de manière à proposer, à la fin du délai imparti, une solution de bonne qualité. Elle est donc spécifique à un problème donné. 


A contrario, les méta-heuristiques sont des méthodes générales, qui peuvent être adaptées à divers problèmes d’optimisation. Deux grandes catégories existent : 

  • Les méthodes à solution unique, dites de recherche locale, qui partent d’une solution initiale et qui, en se déplaçant dans un environnement proche à chaque itération, tentent d’améliorer progressivement la performance.
  • Les méthodes à population, qui travaillent à chaque itération sur un ensemble de solutions réalisables, le faisant évoluer par des mécanismes souvent inspirés de la nature.


La méta-heuristique à population la plus connue est l’algorithme génétique. Inventés par John Holland dans les années 1970, les algorithmes génétiques découlent du concept de la sélection naturelle mis en évidence par Charles Darwin. 

Le principe de la sélection naturelle est le suivant : dans un environnement où les ressources sont limitées, il existe une compétition entre les individus d’une même population pour leur survie. La survie d’un individu va dépendre de sa capacité d’adaptation à son environnement. Les individus les plus aptes ont plus de chances de survivre et, par conséquent, de se reproduire. L’adaptation aux problèmes d’optimisation a été ensuite appliquée par David Goldberg sur un problème industriel : 

  • les individus sont des solutions potentielles au problème donné ;
  • l’adaptation de l’individu à son environnement représente la performance à optimiser ; 
  • un mécanisme d’évolution est développé à partir d’opérateurs permettant d’éliminer certains individus et de produire de nouveaux individus depuis les individus sélectionnés dans la population courante.


Les applications industrielles sont nombreuses. Nous avons par exemple utilisé ce type d’algorithmes sur des problématiques d’optimisation de gammes de fabrication, d’industrialisation, d’ordonnancement et plus généralement de séquencement de tâches, de répartition de ressources…

Comment fonctionnent les algorithmes génétiques ?

Pour mieux comprendre les algorithmes génétiques, voici quelques explications sur leur fonctionnement :



La population initiale

La population représente l’ensemble d’individus qui constituent une solution au problème d’optimisation.

Le gène est la valeur prise par une variable du problème pour un individu donné.

Au départ, on génère aléatoirement les individus de la première génération de manière à respecter les contraintes du problème d’optimisation. On sélectionne ensuite un certain nombre d’individus, à partir desquels on va réaliser un croisement.


Le croisement

Parmi les individus sélectionnés pour le croisement, on va créer des couples dont les individus vont échanger un certain nombre de gènes, pour donner 2 individus « enfants » par couple. Donc avec N individus « parents » on obtient N individus « enfants », sur lesquels on va appliquer l’étape de mutation.


La mutation

Les individus enfants vont passer par une étape de mutation, qui consiste à appliquer une légère modification à un ou plusieurs gènes des individus enfants.

Les mutations servent à éviter que l’algorithme génétique ne converge trop prématurément vers une solution, et que la population n’atteigne des solutions dans un optimum local plutôt que dans un optimum global.

L’ensemble des individus présents avant les étapes de croisement et de mutation et des individus enfants forme une population intermédiaire, sur laquelle vont être sélectionnés les individus les plus performants, c’est-à-dire ceux qui optimisent le mieux le problème.


La sélection

L’étape de la sélection consiste à appliquer à chaque individu une fonction d’évaluation des performances, leur donnant ainsi un score, et ensuite à les trier par score décroissant afin de ne conserver que les N « meilleurs » individus (N étant la taille de la population initiale).

Nous gardons ainsi les individus les plus performants, ce qui, générations après générations, va permettre d’améliorer la performance globale de la population, et ainsi de se rapprocher d’un optimum global. 


Solution retenue à la dernière génération

Après un certain nombre d’itérations (défini au la ncement de l’algorithme), on réalise une dernière étape de sélection sur la dernière génération. Cette sélection peut être une fonction d’évaluation spécifique, ou simplement le choix du meilleur individu selon la fonction d’évaluation des performances.

Bien que l’on n’ait aucune certitude sur l’optimalité de la solution obtenue, en général les temps de calcul pour obtenir une solution en passant par un algorithme génétique sont bien moindres qu’en passant par un solveur simplexe qui assure l’optimalité de la solution.




Cas d’usage dans l’aéronautique : Développement d’un algorithme génétique permettant d’améliorer le temps de traitement des données autour de l’usinage et de l’optimisation des conditions de coupes

Cette approche, appliquée aux problématiques de fabrication industrielle, de fabrication additive ou de fabrication durable, intègre l’ensemble du processus, de la conception jusqu’à la fabrication des pièces. C’est le cas en particulier pour l’aéronautique.

 

Les clients industriels sont souvent confrontés à un dilemme entre assurer la sécurité des processus et optimiser la performance en prenant un risque calculé. La stratégie proposée consiste à modéliser les indicateurs clés de décision avant d’évaluer un grand nombre de solutions, pour en extraire les meilleures.

 

Nous avons appliqué cette démarche dans le cas de l’optimisation de processus d’usinage de pièces aéronautiques, de l’optimisation du couple conception/fabrication pour des pièces de structure et pour la comparaison et le choix de procédés dans le cadre d’une fabrication durable.


Agaetis a réalisé l’industrialisation de la solution numérique d’un algorithme génétique pour le rendre accessible au monde industriel. Cette approche nous permet d’élaborer des preuves de concept plus rapidement. 

Nous pouvons ainsi évaluer un grand nombre de solutions, que nous hiérarchisons avec une méthode de prise de décision multicritères : 

  • Dans un premier temps, nous modélisons le processus, c’est-à-dire que nous identifions les paramètres fondamentaux et les indicateurs de performance à évaluer. 
  • Dans un second temps, nous procédons à une hiérarchisation des critères grâce à des entretiens auprès des métiers. Ces entretiens permettent d’identifier les divergences de point de vue et participent à la construction d’un savoir-faire commun. Ils sont particulièrement instructifs, car il existe peu de structures humaines de décisions dans lesquelles tous les intervenants ont un avis identique.

 Par la suite, nous adaptons le code générique développé par Agaetis pour valider la démarche d’optimisation retenue sur des cas industriels. La méthode est très souple et laisse la décision entre les mains de l’utilisateur final. C’est un accompagnement éclairé.




Cas d’usage dans le secteur de l’industrie navale : Optimisation de la conception d’un système pneumatique

Dans ce cas de figure, il s’agit, grâce aux algorithmes génétiques, d’optimiser le choix de certaines quantités d’un système pneumatique :

  • le nombre de composants  ;
  • la longueur du circuit  ;
  • la masse  ;


Les performances du système dépendent, au premier ordre, de la longueur du circuit, ce qui correspond au  problème du voyageur de commerce  :

“En informatique, le problème du voyageur de commerce, ou problème du commis voyageur, est un problème d'optimisation qui consiste à déterminer, étant donné une liste de villes et les distances entre toutes les paires de villes, le plus court circuit qui passe par chaque ville une et une seule fois. “ S ource


Les algorithmes génétiques sont particulièrement adaptés à ce problème. Ici, il faut également prendre en compte les autres paramètres du système, comme la masse et le coût (surtout s’il s’agit de considérer un graphique orienté), le réseau devant respecter certaines règles de constructions imposées par le client. Le but est de  permettre la génération initiale d’individus viables. 

Dans un second temps, la population d’individus subit les règles de  croisement et de mutation décrites plus haut, selon une fitness composée par le client à partir des paramètres masse, coût, performance, etc. Le résultat est une configuration optimale de disposition et de câblage du système.

En conclusion...

Les algorithmes génétiques sont adaptés pour les sociétés qui souhaitent mieux comprendre le processus décisionnel qui mène à faire des choix de processus de fabrication, ou qui sont confrontées à des compromis cornéliens. Cette approche est facilement adaptable, car elle s’inscrit dans une démarche de co-développement avec l’utilisateur final.

Ces sociétés ont souvent déjà réalisé des optimisations locales ou des innovations incrémentales, et elles se rendent compte qu’elles doivent embrasser l’ensemble du processus pour avancer. Il nous est arrivé de collaborer avec un bureau d’étude et deux bureaux des méthodes de trois sociétés différentes pour conduire une optimisation commune.


Pour compléter votre lecture rendez-vous ici, sur notre précédent article : Data Science, développement et algorithme génétique

Ressources Agaetis

par David Walter 6 novembre 2025
Project Context Michelin aimed to develop a new generation of digital services based on data from connected tires. The goal was to deliver added value to truck fleet managers and maintenance centers worldwide. The challenge lay in the collection, processing, and supervision of massive sensor data, while ensuring robustness, scalability, and relevance of analytics. Objectives The main objective was to establish a technical and architectural framework to: Efficiently collect and process data from connected tires Monitor data flows and measure the impact of business use cases Create a Big Data platform ready to evolve with growing data volumes Mission Duration A long-term engagement , combining initial architectural study, implementation of monitoring systems, and ongoing support. Implementation Agaetis leveraged its Data and Cloud expertise to: Initial architecture study: Define technological and structural choices Platform monitoring: Implement monitoring principles to ensure robustness and availability Load analysis: Evaluate the impacts of various business use cases Big Data framework definition: Integrate best practices to accelerate implementation Data Science work: Perform domain-specific analysis and develop new indicators and services Results Achieved New digital services: Creation of innovative solutions for fleet managers Robust and scalable platform: A Big Data environment ready to handle massive data volumes Operational optimization: Improved traceability and KPI tracking Enhanced innovation: Data transformed into strategic levers for Michelin Key Success Factors Agaetis’ expertise in Big Data and IoT data processing End-to-end methodology: From architecture to Data Science Immersion in the client’s business environment Proactive supervision ensuring robustness and reliability  And You? Are you wondering about: Leveraging data from your connected equipment ? Creating new digital services based on Data? Implementing a robust and scalable Big Data architecture ? 👉 Contact our experts to transform your IoT data into innovative, value-generating services.
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Project Context France’s first research foundation dedicated to innovation in pain management aimed to launch a market-ready application resulting from its clinical research and development program. The goal was to transform the app into a Digital Therapeutic (DTx) reimbursed by the national health insurance system. Objectives The organization focuses on driving healthcare innovation through extensive collaborations with hospitals, research institutes, universities, and technology companies. The main challenges included: Transforming an application into a Digital Therapeutic (DTx) reimbursed by the national health system. Managing the transition of patients to this new platform. Preparing a new data warehouse to support scientific research. Mission Duration 3 collaborators over 3 years Methodology Agaetis provided its expertise through targeted and structured actions: Audit of existing systems: Evaluation of current infrastructure to identify needs and areas for improvement. Decision support for partner selection: Assistance in choosing competent and reliable technology partners. Technology advisory: Guidance on application architecture, security, and scalability to ensure long-term viability. Results Achieved Development of an application supporting patients in chronic pain management, progressing toward recognition as a reimbursable DTx. Rigorous technical assessment and selection of strategic partners. Adherence to roadmap milestones , ensuring steady progress and alignment with expectations. This project highlights how Agaetis leverages its technological and strategic expertise to transform challenges into innovative, effective solutions — creating tangible value for clients in the healthcare sector.
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